Voici quelques jours, Gérard a téléphoné à certains de ses amis, pour déclarer à la cantonade : "Maintenant, c'est Bouteflika qui me propose un passeport algérien !" Russie, Ukraine, Monténégro, Cuba, Algérie..., depuis qu'il a annoncé son départ de France, on a offert dix nationalités de circonstance à l'acteur hexagonal le plus connu au monde. C'est son sujet favori de vantardise et de provocation. Peut-être un sujet d'inquiétude aussi, lorsqu'il sent confusément qu'il est allé trop loin. Pourquoi, sinon, répéterait-il à son agent Bertrand de Labbey, "n'oublie jamais que je suis français...", afin que celui-ci le rapporte aux journalistes qui le harcèlent ?
Il y a toujours eu du bruit autour de Depardieu. Il n'a jamais aimé ni le silence ni la nuit. Tous les metteurs en scène le savent, lorsque le soir tombe, certains acteurs ne peuvent plus
tenir debout devant la caméra, assommés d'angoisse et d'alcool, et il faut tout l'art des monteurs pour masquer leurs
gestes incertains. Même hors des plateaux, l'acteur n'a jamais supporté l'ombre floue des crépuscules. Bien avant de déclencher son maelström médiatique, il cherchait le tumulte qu'apportent
l'action et ces voyages à décalage horaire qui font les nuits sans sommeil. "Un chêne aux nerfs de roseau", avait compris, il y a quinze ans, la chanteuse Barbara. "Il boit trop, il
est autodestructeur et il faut être costaud pour supporter ses écarts, reconnaît aujourd'hui
son ex-femme Elisabeth Depardieu, mais c'est un aventurier et, Dieu soit loué, il est imprévisible
!"